Hôtel de ville et Espace Landowski

Quand, dans le sud des Etats-Unis, la plupart des médecins refusaient de soigner les Noirs et que le lynchage restait une pratique courante… Un pan glaçant de l’histoire américaine, évoqué de façon magistrale.

 
L’unique goutte de sang, Roman

Sidney, un jeune noir, est pris dans l’engrenage de la violence. Il se réveille amnésique dans un hôpital réservé à des enfants blancs handicapés. Qui est-il ? Que lui est-il arrivé ? De Memphis à Harlem, en passant par l’Arkansas et Chicago, un lien invisible le relie au shérif adjoint Whyte, qui lui a évité la mort. C’est à Chattanooga, la ville natale de Sidney, que l’histoire a dérapé lorsqu’il s’est trouvé pris au piège du désir de deux jeunes blanches, à l’origine d’un déchaînement de violence implacable et dévastateur. Après deux ans passés dans l’hôpital pour enfants, Sidney part pour Chicago où il fait la connaissance de Turner, un garçon errant, un Irlandais de pure souche, du même âge que lui. Le colored et le blanc se lient d’amitié, dans ce Chicago traversé par les émeutes de l’été rouge 1919 qui embrasent le quartier noir de South Side, mis à sac par les Irlandais, sans que la police n’intervienne. Sidney suit comme son ombre cet être révolté contre les siens, dans un périple qui les mène de l’Arkansas à Manhattan. Ce voyage va les confronter à la mort et les rapprocher un peu plus chaque jour du cœur de Harlem, à la recherche d’une femme énigmatique entrevue à Chicago, Mathilda.
Quel mystère unit Sidney et Turner ? Quel rôle vont jouer ici Robert Abbott, le créateur du Chicago Defender, porte-voix de la cause des noirs ? Bumpy, la graine de voyou des rues de Harlem ? Stéphanie Saint-Clair, la femme colère, gangster ? Bessie Smith, la voix bleue, cogneuse ? Un cheminement éclairé par les peintres Archibald Motley et Thomas Benton, dont le pinceau trace la voie vers le secret de l’adjoint Whyte, qui a sauvé Sidney dans une clairière du Tennessee. Des souvenirs enfouis si profondément dans l’inconscient de Sidney qu’il ne peut retrouver seul ses racines. Ce roman est né d’une interrogation. Mesure-t-on à quel point des liens de sang se sont créés au cœur de la haine entre les noirs et les blancs, de génération en génération, au-delà de l’inimaginable ?

Arnaud Rozan est né en 1968. Il travaille à Paris dans le secteur public, sur les questions sociales. L’unique goutte de sang est son premier roman.

© Bruno Klein

Présence

Dédicaces le samedi et le dimanche de 14h à 19h

L’unique goutte de sang, Arnaud Rozan
Plon, 2021