Hôtel de ville et Espace Landowski

L’affaire Bernard Nathan, éditions Denoël

(c)Francesca Mantovani

Né Natan Tanenzapf en Roumanie, Bernard Natan (1886- 1942) fut un entrepreneur génial et un pilier du cinéma
français, sacrifié dès les années 1930 à l’antisémitisme féroce d’une extrême-droite bientôt renforcée par le régime
de Vichy.
Derrière son nom aujourd’hui oublié se cache une trajectoire d’une intensité rare. Fuyant les pogroms de son pays natal, ce Juif roumain arrive en France au début du xxe siècle. Son engagement dans la Légion étrangère lors de la Première Guerre mondiale lui vaut la nationalité française accordée au mérite. En 1929, alors qu’il dirige déjà son studio Rapid Film, Natan achète la société Pathé. À la tête de cette firme qu’il transforme en un géant du cinéma, Natan aura été de toutes les révolutions du septième art : les premiers films français parlants, les studios de Joinville et de la rue Francœur,
l’arrivée de la couleur, la distribution des premiers dessins animés de Walt Disney…
Ses succès fulgurants finissent par se retourner contre lui : au cours d’une campagne de dénigrement orchestrée par la presse d’extrême-droite, Natan est notamment accusé d’avoir produit des films grivois. La vraie raison de cette traque : la judéité du grand producteur. D’abord déchu de sa nationalité française puis interné et déporté à Auschwitz, il y est assassiné en 1942. À travers son histoire, c’est le portrait de toute une époque qui apparaît : les heures sombres d’une France antisémite des années 1930-1940.

Dominique Missika est éditrice et historienne. Elle est l’autrice de plusieurs livres dont Robert Badinter, l’homme juste (Tallandier, 2021), d’Un amour de Kessel (Seuil, 2020) et de Les Inséparables. Simone Veil et ses sœurs (Seuil, 2018).


Présence sur le Salon : 
Samedi 9 décembre
Dimanche 10 décembre