Gisèle Blanchard
Tous les tableaux de Courbet ne sont pas signés.Notamment un.Le plus récemment entré dans les collections publiques.Le plus sulfureux aussi.Pourquoi « L’Origine du monde » n’a-t-elle pas reçu le sceau de la signature soignée, presque scolaire, dont le peintre d’Ornans, à l’ego proéminent, marquait le bas de ses œuvres ?Scrupule, embarras, discrétion ? Ce n’était pas son genre.L’attribution de « L’Origine du monde » à l’auteur du « Sommeil » est un axiome : une vérité tenue pour si évidente qu’elle n’a pas besoin d’être…
Ma fidélité à l’œuvre et à la personne de Gustave Courbet remonte à l’adolescence lorsque mon père nous commentait les vastes tableaux sociaux, Les pompiers éteignant un incendie, L’enterrement à Ornans, Les cribleuses de blé, L’atelier du peintre et même La rencontre dite « bonjour M. Courbet ». Mon père passait sans un mot devant Le sommeil des deux amies.
La lecture du texte posthume de Proudhon « Du principe de l’art et de sa destination sociale » a mis des mots indélébiles sur ma manière de voir l’art et de conduire ma vie. C’est dire que l’arrivée sur les cimaises d’Orsay de ce tableau miniature qu’est L’Origine du monde m’a étonnée et comme pour tout un chacun fascinée.
Le choix des dimensions, la puissance du cadrage, la délicatesse de la touche, la densité du sujet, si éloignés du tempérament de Courbet, m’ont intriguée longtemps jusqu’à ce que s’impose à ma curiosité le fait incontestable que ce tableau n’est ni daté ni signé.
Ce qui a suivi cette évidence est l’objet du livre. Ce fut une longue recherche et de multiples conversations et recoupements. J’ai souhaité les partager avec tous ceux qui ne craignent pas l’évolution de leurs certitudes.
Et j’ai eu la chance de trouver un éditeur aussi passionné que je le suis pour le jeu de la vérité.
Gisèle Blanchard
Présente au salon le dimanche