Jonathan Chanson
Jonathan Chanson dit ce qu’il a à dire sans consulter le bréviaire des poses et des conformités. La mort d’un père, le pacte d’amour, l’embrasement des joies dans le « quotidien rose », la tragédie des enfants d’Izieu, dans le regard du poète, sont des « riens d’étincelles », des « naissances répétées » au bord du gouffre, jalonnant un chemin : la vie exaltée par un grand devoir de justice et de vérité. Pour écrire le moindre vers, il faut non seulement s’être attardé plus que de raison sur des riens, de nuit ou de lumière, mais encore il faut avoir usé jusqu’à la corde une force qu’il aurait été plus facile de consacrer à la vie même. Chaque poème est conquis, gagné en y laissant une part de sa force primordiale. Plus le forage est profond, plus incandescent est le poème. Si le lecteur sort renforcé, encouragé, clarifié de la rencontre, c’est à l’exacte mesure de ce que le poète a accepté de risquer et de perdre. Si les vers sont brefs, si les poèmes le sont aussi, le souffle, lui, n’est jamais court : il ne se préserve pas, il a le courage de tenter. Les poèmes de Jonathan Chanson font taire les discours de surplomb, la logorrhée circonstancielle. Ils vont droit à ce qui mérite d’être vu et d’être dit. Les quelques mots qu’un homme peut opposer à la mort et à son double : l’obscénité des temps présents.
Présent au salon le samedi