Ma vie avec Colette, éditions Gallimard
« J’ai connu les affres et les espoirs des personnages de Colette. J’ai été Claudine dans les bois de Montigny, j’ai été Gigi attendant un mari, je suis maintenant Léa guettant les stigmates du vieillissement. J’ai même été la contemporaine de Sido, mère apeurée, redoutant le froid, le chaud, le manque, trompant la panique à un comptoir de bistrot le jour où mon fils prit seul le métro pour la première fois, plus tard terrorisée par des chauffeurs de taxi sans licence susceptibles de prendre en charge mes filles. Je fus et je serai toujours Sido, cette mère enfin rassurée –mais pour si peu de temps ! – quand ses enfants sauvages sont réunis le dimanche près de l’eau, à portée de son inquiète vigilance. A la fin de sa vie, Colette se disait convaincue que là-haut, sûrement, sa mère morte continuait à trembler pour ses deux enfants encore vivants. Mon séjour terrestre terminé, et mes cendres dispersées dans la Seine, je serai pareille. En sorte que c’est l’œuvre de Colette que j’aime, et non sa personne. Cette femme narcissique, cette mère négligente, cette épouse peu décidée à jouer le jeu du mariage sont trop loin de moi. »
Pauline Dreyfus raconte ici sa fascination pour l’œuvre de Colette, cette femme de lettres si moderne et exubérante, qui fut aussi comédienne et danseuse de music-hall. Paradis perdu de l’enfance, histoires sentimentales cabossées, liberté sexuelle, transmission #liale, amour des lieux, des livres et des animaux sont autant de thèmes abordés dans ce bref ouvrage au style alerte, qui donne à redécouvrir la prose ardente et les différents visages d’une auteure pionnière.
Pauline Dreyfus est notamment l’auteure chez Grasset de Immortel, enfin (Prix des Deux-Magots 2013), Ce sont des choses qui arrivent (Prix Albert Cohen 2015) et, plus récemment, Le président se tait (2022).
